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Un gars à Edogawa
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7 novembre 2008

Un gars à Kagoshima!

kagoshima_1gae_1Me voici de retour à Tokyo après une semaine bien remplie passée au sud du Japon dans la préfecture de Kagoshima. Il y a bien longtemps que je n’avais pas eu de vacances. Sept journées de suite, c’est presqu’un luxe ici. Il y a belle lurette qu’on prévoyait voyager dans le sud de l’archipel. C’est maintenant chose faite. Ce fut un beau voyage et surtout une occasion de voir du pays, car à part Kyoto je n’avais pas vu grand-chose du Japon. Tokyo, c’est l’autre Japon. Désolé pas d’album photos cette fois-ci, j’ai dû composer avec quelques problèmes de logistique et les conditions n’étaient pas idéales pour prendre des photos de qualité. J’ai quand même fait des montages avec ce que j’avais.

Kagoshima_map_1A première vue, la différence est évidente; Dans la préfecture de Kagoshima la verdure cède un peu de son territoire au béton. A Tokyo, c’est le béton qui cède un peu de son territoire à la verdure. Les rues sont plus calmes, parfois même désertes. Kyushu est une région très montagneuse également. Il y avait aussi beaucoup de grosses araignées à la campagne, on retrouvait leurs grandes toiles un peu partout. Tokyo, c’est la ville qui se rénove sans cesse, où les tours poussent ici et là en peu de temps, où tout est mesuré-nickel, etc... A Kagoshima on laisse les choses vieillir, on ne se formalise pas trop d’une peinture qui a perdu de son éclat, d’un trottoir usé, d’une rue craquelée, de métal rouillé… Le calme et l’insouciance d’une ville de région, 600 000 âmes quand même, avec des habitants accueillants et qui ne se prennent pas trop au sérieux.

On se promène surtout en voiture dans ce coin du pays. Les routes sont étroites et très sinueuses, pas très éclairées la nuit mais il y a des réflecteurs partout. Les escarpements près des routes sont généralement renforcés car les glissements de terrain sont fréquents, surtout lors de la saison des pluies. Dans la ville de Kagoshima aussi la voiture est de mise. Pas de métro mais des autobus et des tramways colorés. Et contrairement à Tokyo ils ne sont pas bondés. Ce fut un dur réveil de retour dans mon fief.

kagoshima_1gae_2Les deux premières journées ont été consacrées essentiellement à la visite de parenté. Car voilà; ma belle-mère et ses parents sont issus de cette région. J’ai rencontré une famille très accueillante, généreuse, joviale et étonnement débrouillarde. J’ai aussi remarqué que le protocole des bonnes manières japonaises étaient plus suivit à la lettre que dans la capitale de l'est. Il y a beaucoup de traditions qui se perdent à Tokyo. Mais c’est typique des mégapoles et des grosses villes. Nous avons visité la montagne sacrée Kanmuri-dake où un ambassadeur de l’empereur de Chine y aurait déposé une couronne. Nous avons aussi fait quelques arrêts en chemin dans des cimetières afin de permettre aux grands-parents de ma femme de dire des prières, car le culte des ancêtres est très important selon la tradition bouddhiste. D’ailleurs, un moment émouvant pour le grand-père fut de trouver la sépulture de son ancêtre samouraï. Elle était drôlement bien cachée. Nous avons passés nos soirées à relaxer dans le "onsen" (bain thermal) de notre hôtel. Véritable lieu de détente et de relaxation.

kagoshima_1gae_3Nous avons fait beaucoup de route lors de la troisième journée. Premièrement, on a longé la côte ouest puis nous avons bifurqué vers l’intérieur pour s’arrêter à Chiran (Minamikyushu City). Pour les Japonais, quand on prononce Chiran ils pensent tout de suite à un triste moment de leur histoire. En effet, pendant le conflit du Pacifique lors de la Deuxième Guerre Mondiale Chiran abritait la principale base des kamikaze. Nous avons fait un premier arrêt dans le petit musée Tomiya Shokudo, jadis un restaurant très fréquenté par les pilotes kamikaze. A l’époque, la tenancière de l’établissement, Tome Torihama qui est décédée en 1992, était comme une mère pour ces jeunes hommes qui savaient que leur mission était sans-retour (voir le film Hotaru). A l’intérieur il y avait des photos et des histoires tragiques, en japonais. Ensuite nous sommes allés au "Peace Museum for Kamikaze Pilots" bâtit sur le site de l’ancienne base aérienne (sur un plateau surélevé, question d’économiser le carburant pour l’envol). Les photos de 1082 kamikaze ainsi que des lettres d’adieux étaient exposées à l’intérieur. Aussi, on retrouvait des avions-chasseurs originaux (qui étaient utilisés pour ce genre de mission), des uniformes militaires, et des projections vidéos. On y expliquait également certains rituels exécutés avant la mission finale. A l’extérieur du musée nous pouvions visiter un abri triangulaire camouflé où les pilotes passaient leurs dernières nuits. Difficile de ne pas se laissez aller par des toutes sortes de songeries lorsqu’on marche sur le site. Il y a beaucoup de tristesse dans l’air, peut-être même un peu trop au goût de certains. Beaucoup de Japonais sont furieux contre les autorités de l’époque qui ont consciemment sacrifié tous ces jeunes hommes brillants sachant que la cause était perdue d’avance. La ville est parsemée de lanternes et quand on s'arrête un instant pour écouter on entend le silence de la forêt. Chacune d’entre elle est dédiée à un pilote. C’était bien de venir à Chiran. C’était bien aussi de partir. Cette région est aussi reconnue pour son thé vert. Sur notre chemin nous avons croisé de grands champs bien taillés, à perte de vue.

Ensuite nous sommes allés dans la petite ville de pêcheurs de Makurazaki afin d’acheter des "omiyage" (cadeaux). Lors du couché de soleil nous sommes passé près du magnifique Kaimon-dake (Satsuma Fuji). La vue était spectaculaire, dommage qu’on n’a pas pu s’arrêter en chemin. Il fallait faire vite. Nous avons finalement passé la nuit dans un chouette hôtel à Ibusuki, tout près des côtes de la baie de Kagoshima. Là on a essayé la spécialité du coin, le "sand onsen". Toute une expérience! Après un copieux repas nous sommes allés dormir. Je tenais absolument à entendre les vagues, j’ai donc ouvert la fenêtre.

Le son des vagues; voilà un son que j’aime bien et dont je ne me lasserai jamais. Je n’ai jamais habité près des vagues. Près de l’eau ça oui, mais pas des vagues. Pour écouter la vague à Montréal j’écoutais Thalassa le vendredi soir sur TV5. A Edogawa-ku, c'est parfois possible de l'entendre mais elle se fait plutôt timide. Alors qu’elle ne fut pas ma joie lorsque j’ai découvert que notre hôtel était situé à quelques mètres seulement de la baie. Pendant la nuit à force d’entendre la vague on finit par l’oublier. Je me suis réveillé plusieurs fois afin de m’assurer qu’elle était toujours là. J’étais réconforté à chaque fois. Le sommeil fut un peu bref, nous avons dû quitter tôt le matin afin de prendre un petit train jaune en direction de la ville de Kagoshima.

kagoshima_1gae_4Arrivée à la station Kagoshima-chuo un autobus JR Kyushu nous attendait pour un tour de la ville. Nous avons visité le dernier retranchement du célèbre samouraï Saigo Takamori lors de la rébellion de Satsuma de 1877. Du haut de la montagne nous avions une vue imprenable de la ville et du Sakurajima. Officiellement désigné comme le dernier samouraï, Saigo est une figure emblématique de la ville de Kagoshima. Un curieux personnage très populaire au Japon (il y a une statue de lui dans le parc Ueno à Tokyo). Après avoir visité le fameux jardin Senganen de la famille Shimazu, puissante famille daimyo (gouvernement féodal) du Satsuma, nous avons pris un traversier et débarqué sur le Sakurajima, un des volcans les plus actif au monde. Malheureusement, lors de notre passage il sommeillait (ce n'était pas le cas de la journée précédente apparemment). Du haut de notre point d’observation nous avions une belle vue de la ville et de ses alentours. De retour dans la ville de Kagoshima nous avons fait la sieste avant de manger en famille au restaurant Bansei, propriété d’une tante qui a d'ailleurs employée une ruse pour m'attirer dans son établissement; elle prétendait connaître des recettes secrètes de plats servis spécialement aux ninjas. Il n'en fallait pas beaucoup pour que je morde à l'hameçon... Plus tard nous avons passé du temps dans le Hostess Club "More Success", un autre business familial.   

Le lendemain matin, jour 5, quelques heures avant notre départ nous sommes allés marcher dans la ville. Tout près de notre hôtel il y a avait le parc Saint François Xavier, missionnaire jésuite qui débarqua a Kagoshima en 1549 afin d’évangéliser le Japon. Aujourd’hui environ 1% de la population au Japon est chrétienne et on les retrouve justement pour la plupart à Kyushu. Nous avons continué notre marche dans le quartier historique de la ville et avons salué Saigo une dernière fois. La ville compte de nombreuses statues. Un charmant petit coin. Puis ce fut le retour à la maison, l'autre Japon.

kagoshima_1gae_5

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