14 mars 2011 - Premiers signes de panique
Réveil soudain, jacassement bruyant dans la cuisine. A en juger par l'intonation des voix j'ai vite compris que quelque chose ne tournait pas rond. Ma femme m'a alors informé que la ligne Sobu n'était pas en service, ainsi que plusieurs autres lignes. Après avoir vérifié toutes les options possibles il était clair que je ne pouvais pas me rendre au travail à Chiba. J'ai alors contacté mon manager -qui lui était pris à Yokohama, pour lui expliquer le problème. Je me suis ensuite porté volontaire pour coordonner les activités à partir de la succursale d'Ebisu. Tout ça était de très mauvaise augure.
Sur mon chemin j'ai pu constater que Tokyo tournait au ralenti. Au travail tout semblait calme, du moins au début. Puis des contractuels discutèrent entre eux, tranquillement la grogne s'installait. Je ne suis pas intervenu préférant écouter attentivement. J'ai cru deviner que suites aux événements des derniers jours plusieurs n'avaient pas le coeur à l'ouvrage. La situation à Fukushima préoccupait aussi. D'autres croyaient que la compagnie cachait des informations. Mais quelle information?! Nous étions tous dans le même bateau pourtant.
Pendant la journée il y avait un Britannique qui se pointait souvent à mon poste de travail afin de jaser comme ça. Je l'ai senti un brin nerveux. Puis finalement au milieu de l'après-midi il n'en pouvait plus et il a craqué. Il m'a demandé s'il pouvait annuler ses obligations et prendre congé afin de retourner chez lui pour être avec sa famille. Honnêtement je n'ai pas bien compris la raison de cette panique, mais je n'ai pas insisté. L'heure n'était pas aux mesures disciplinaires bien qu'à ce moment il n'y avait pas de directives spéciales émises par la compagnie.
A vrai dire, j'étais tellement concentré au travail que je n'avais pas encore réalisé l'ampleur du problème au nord. Ceci dit j'essayais tant bien que mal de me renseigner, mais tout n'était que spéculation à ce moment. Malheuresusement le pire était à venir.
Demain: Flyjin